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Versailles la proposition d’échange de M. Blanqui contre les otages. Il faudra, monsieur Flotte, que vous trouviez une personne sûre pour aller à Versailles porter à M. Thiers une lettre de M. Deguerry, curé de la Madeleine.

— La personne est toute trouvée, lui dis-je, ce sera moi.

M. Darboy fut un moment surpris de ma réponse ; mais il ajouta aussitôt :

— Je n’aurais jamais osé vous en prier, mais puisque vous le proposez, je vous en remercie de grand cœur, car je suis certain que la commission sera bien faite.

Ce jour-là nous nous séparâmes contents et pleins d’espoir.

Dans les premiers jours de mai je reçus un billet du citoyen Charles Beslay, me priant de passer chez lui.

Je me rendis à son invitation ; il était alité.

— Eh bien, me dit-il, où en êtes-vous avec la négociation d’échange ? Lagarde ne reviendra pas. J’ai pensé que vous feriez bien d’aller à Mazas. Il y a un de mes compatriotes, un prêtre nommé Bazin ; vous lui donneriez ce billet, et vous vous entendriez avec lui. Il a de très bons amis à Versailles ; il peut, s’il le veut, faire beaucoup.

Je pris le billet en remerciant le citoyen Beslay et je partis pour voir M. Bazin. Aussitôt entré dans sa cellule, je lui fis connaître en peu de mots la mission que je venais remplir auprès de lui. Sa surprise fut grande, et pour tout dire, il reçut ma communication avec quelque rudesse.