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J’allai rendre compte à Rigault de ma première visite à l’archevêque.

Rigault m’écouta avec attention et me dit :

— Il ne faut pas laisser partir Deguerry pour Versailles ; dis à Darboy d’en envoyer un autre, je tiens à garder le curé de la Madeleine.

Le 10 au matin, à onze heures, je retournai à Mazas et fis appeler l’archevêque.

— Monsieur, lui dis-je, si vous vouliez envoyer à Versailles un autre prisonnier que M. Deguerry, cela conviendrait mieux au délégué à l’ex-Préfecture.

— Eh bien, nous enverrons M. Lagarde, grand vicaire de Paris, si la Commune y consent.

Le 11 avril j’étais à la Préfecture de bonne heure.

— As-tu fait entendre raison à Darboy ? me dit Rigault.

— La chose n’a pas été difficile, il enverra le grand vicaire, M. Lagarde.

— Très bien ! voici un ordre de mise en liberté pour Lagarde et un laisser-passer en règle pour qu’il puisse aller à Versailles.

— Tu ferais bien de l’accompagner jusqu’à la gare.

Le 12, au matin, j’arrivai à Mazas avec mes deux permis, l’un pour M. Lagarde, l’autre pour laisser communiquer l’archevêque et le grand vicaire en ma présence ; mais, me rappelant le Mont-Saint-Michel et ses affreux cabanons où personne ne pouvait nous parler qu’en présence d’un agent de l’administration, je me retirai, mû par un sentiment de délicatesse bien facile à comprendre.