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LIVRE III


Les Singes et le Léopard.


Des singes dans un bois jouaient à la main chaude ;
Certaine guenon moricaude,
Assise gravement, tenait sur ses genoux
La tête de celui qui, courbant son échine,
Sur sa main recevait les coups.
On frappait fort, et puis devine !
Il ne devinait point ; c’était alors des ris,
Des sauts, des gambades, des cris.
Attiré par le bruit du fond de sa tanière,
Un jeune léopard, prince assez débonnaire,
Se présente au milieu de nos singes joyeux.
Tout tremble à son aspect. Continuez vos jeux,
Leur dit le léopard, je n’en veux à personne :
Rassurez-vous, j’ai l’âme bonne ;
Et je viens même ici comme particulier,
À vos plaisirs m’associer.
Jouons, je suis de la partie.
Ah ! monseigneur, quelle bonté !
Quoi ! votre altesse veut, quittant sa dignité,
Descendre jusqu’à nous ! — Oui, c’est ma fantaisie.
Mon altesse eut toujours de la philosophie,
Et sait que tous les animaux
Sont égaux.