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poëme.

Parmi ses serviteurs Ruth reconnaît Booz.
D’un paisible sommeil il goûtait le repos ;
Des gerbes soutenaient sa tête vénérable.
Ruth s’arrête : Ô vieillard, soutien du misérable,
Que l’ange du Seigneur garde tes cheveux blancs !
Dieu pour se faire aimer doit prolonger tes ans.
Quelle sérénité se peint sur ton visage !
Comme ton cœur est pur, ton front est sans nuage.
Tu dors, et tu parais méditer des bienfaits ;
Un songe t’offre-t-il les heureux que tu fais ?
Ah ! s’il parle de moi, de ma tendresse extrême,
Crois-le ; ce songe, hélas ! est la vérité même. »

Le vieillard se réveille à des accents si doux.
« Pardonnez, lui dit Ruth, j’osais prier pour vous ;
Mes vœux étaient dictés par la reconnaissance :
Chérir son bienfaiteur ne peut être une offense ;
Un sentiment si pur doit-il se réprimer ?
Non, ma mère me dit que je puis vous aimer.
De Noémi dans moi reconnaissez la fille ;
Est-il vrai que Booz soit de notre famille ?
Mon cœur et Noémi me l’assurent tous deux.

— Ô ciel ! répond Booz, ô jour trois fois heureux !
Vous êtes cette Ruth, cette aimable étrangère
Qui laissa son pays et ses dieux pour sa mère !
Je suis de votre sang, et, selon notre loi,
Votre époux doit trouver un successeur en moi.