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livre iii.

Ont toute sa couvée en poche.
Ils veulent partager comme de bons amis ;
Chacun en garde six, il en reste un treizième :
L’autre le veut, l’autre le veut aussi.
« Tirons au doigt mouillé. — Parbleu non ! — Parbleu si !
— Cède, ou bien tu verras. — Mais tu verras toi-même. »
De propos en propos, l’aîné, peu patient,
Jette à la tête de son frère
Le perdreau disputé. Le cadet, en colère,
D’un des siens riposte à l’instant.
L’aîné recommence d’autant ;
Et ce jeu qui leur plaît couvre autour d’eux la terre
De pauvres perdreaux palpitants.
Le fermier, qui passait en revenant des champs,
Voit ce spectacle sanguinaire,
Accourt, et dit à ses enfants :
Comment donc ! petits rois, vos discordes cruelles
Font que tant d’innocents expirent par vos coups !
De quel droit, s’il vous plaît, dans vos tristes querelles,
Faut-il que l’on meure pour vous ?