Page:Florens - La Protection légale des animaux en France, 1890.djvu/24

Cette page a été validée par deux contributeurs.

face de leur écorce ; le bostriche commun, le charançon rongent les pins et les autres bois résineux ; le ver blanc, larve du hanneton, attaque le blé et les autres céréales ; le chêne est rongé par le lucane qui réduit les racines à l’état de tan, et par le cérambyx qui dévore les feuilles naissantes ; les courtilières coupent les racines des légumes ; enfin la pyrale se nourrit au détriment des bourgeons de la vigne, ravagée aussi par la cochylis et par le phylloxéra.

Cette énumération pourrait être multipliée : elle suffit pour démontrer l’étendue d’un mal que l’homme à lui seul est incapable de conjurer ; son œil n’est, la plupart du temps, pas même assez perçant pour apercevoir les ennemis des récoltes, et tous ses efforts seraient paralysés s’il n’avait pour auxiliaires les oiseaux insectivores.

Protéger ces oiseaux bienfaisants, c’est donc protéger l’agriculture ; leur faire une guerre aveugle, avec une multitude d’engins, c’est concourir à la propagation de tous ces ravageurs dont les mandibules et les vrilles broient et perforent les produits nécessaires à l’alimentation ou à l’utilité de l’homme.

On ne saurait prétendre que tous les oiseaux soient utiles à l’agriculture ; il en est même qui lui sont nuisibles, en ce sens qu’ils se nourrissent d’autres oiseaux insectivores. Mais, à cette exception près, qui comprend seulement l’ordre des rapaces diurnes (aigles, faucons, éperviers, vautours, milans, buses et busards), presque tous les oiseaux vulgairement appelés petits-pieds, rendent à l’agriculture les plus utiles services.

C’est ainsi, notamment, que l’hirondelle ne fait son butin qu’en volant continuellement et en poursuivant les insectes de tous côtés ; l’alouette se nourrit de vers, de larves d’insectes, de fourmis et de chenilles ; la fauvette avale de petits coléoptères, des papillons ; elle est insectivore et vermivore, et détruit la cecidomyie du blé ; la mésange dévore par an des milliers de chenilles et vaut à elle seule plus de dix échenilloirs : vive et pétillante, elle est toujours en mouvement, se suspendant aux plus faibles branches pour détacher les œufs des papillons collés sur les feuilles, détruisant ainsi plusieurs couvains d’insectes ; on prétend que chaque couple de mésanges absorbe cent vingt mille vers ou insectes pour élever ses petits ; le pinson fait la chasse aux courtilières dont les six pattes, dentées et tranchantes en dedans, coupent les racines des végétaux qui croissent dans les jardins potagers ; le rouge-gorge opère dans les