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RICHE OU AIMÉE ?

Le mauvais souhait de Gisèle ne fut pas réalisé ; le lendemain, un soleil magnifique éclairait un cieel sans un nuage. Dès le matin, on entendit les allées et venues des domestiques affairés, le départ des voitures emmenant les provisions et les gens de service. Gisèle ne quitta pas sa chambre et obtint de sa mère qu’elle en fit autant. Leur appartement étant au-dessus de la salle à manger, elle aperçut le cliquetis de la vaisselle et de l’argenterie, annonçant qu’on servait aux voyageurs le repas prématuré qu’ils avaient réclamé, puis elle vit, de sa fenêtre, avancer l’automobile, le comte et la comtesse y prirent place ainsi que leurs enfants, et l’on partit.

— Et M. de Chateaublon ? exclama Giselle.

— Il sera monté à cheval, dit sa mère, pour laisser des places libres dans la voiture ; j’ai entendu dire que l’on devait prendre les d’Harpal, à cinq kilomètres d’ici.

Malgré tout, Gisèle, descendant pour le déjeuner, était un peu songeuse ; mais, entrant au salon, elle eut un sursaut d’étonnement en trouvant, près de sa tante, André.

— Vous ! dit-elle.

Il sourit, et ce fut Mme de Vauteur qui répondit ;

— Voyez-moi ce grand benêt qui se mêle d’avoir la migraine, et ne peut partir !

— Que voulez-vous, ma tante ? répondit le jeune homme, c’est une maladie de jolie femme, que vous avez bien dû connaître, et qui s’est trompée d’adresse en tombant sur ma tête… Si je l’ai épargnée à une de vous, je n’aurai pas à m’en plaindre.

— Pauvre bouc émissaire ! fit moqueusement Mme de Vauteur ; allons, donnez-moi le bras pour me conduire à table, car vous ne vous y assiérez pas, sans doute, une tasse de thé fera mieux votre affaire ?

— Mon Dieu, ma tante, je la prendrai, comme vous, après le déjeuner, si vous le permettez, le mal de tête ne me coupe pas l’appétit.

La marquise ne répondit pas, mais eut son petit qourire de travers, plusieurs fois pendant le repas,