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RICHE OU AIMÉE ?

l’immense accroc, à travers lequel se devinait son jupon rose à volants.

— Si, fit Gisèle, avec une reprise. Oh ! soyez tranquille, j’en sais faire, seulement ce ne sera pas bien joli, et voyez-vous cette confusion de paraître devant ma cousine d’Azas avec une robe reprisée !

— Tu ne la mettras plus, intervint vivement Mme de Lacourselle, c’est fini, je n’ai pas envie que tu aies l’air de la femme de chambre de Jeanne.

— Alors, demanda André, vous allez faire plus de toilette quand Mme d’Azas sera là ?

— Il le faut bien, répondit Gisèle ingénument ; que penserait-elle de moi, sans cela ; je lui ferais honte ; c’est bien assez d’être la parente pauvre, il faut tâcher de ne pas le paraître.

— Et cela nous entraîne à bien des dépenses, gémit Mme de Lacourselle ; enfin, c’est une nécessité !

Le lendemain, vers cinq heures, l’auto amenait au perron le comte, la comtesse d’Azas et leurs enfants, et un break suivait avec les gens de service. Car ils ne voyageaient pas sans leur personnel.

Lorsque Mme d’Azass pénétra dans le salon, André, qui ne l’avait pas vue depuis deux ans, dut reconnaître qu’elle était fort changée. Rien ne fane et ne fatigue les femmes comme la vie mondaine. La comtesse d’Azas n’avait, du reste, jamais été jolie : grande, brune, forte, les traits accentués, elle ressemblait à son père et ne rappelait en rien son exquise mère, si fine, si gracieuse, si délicate. Elle avait pour elle une incontestable distinction, un grand air qui s’imposait, mais toute expression était bannie de son visage froid et altier, et son regard un peu dur, joint au sourire rare et dédaigneux des lèvres pincées, ne lui donnait pas un abord sympathique. Sa façon d’être ne détruisait pas la première impression qu’elle causait. Lorsqu’elle vit, en entrant, sa tante, sa cousine et André, elle se dirigea vers la première sans le moindre entrain.

— Bonjour, ma tante, vous allez bien ? fit-elle