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RICHE OU AIMÉE ?

à l’avertissement de sa tante, n’y entrait pour rien.

Il n’en avait pas été de même de la jeune fille. Certes, elle non plus ne songeait pas à épouser André, mais elle avait admis très volontiers la possibilité, que sa mère lui avait fait entrevoit, qu’il s’éprit d’elle et la recherchât. Jamais on ne l’avait demandée en mariage, cela lui eût fait plaisir de l’être, au moins une fois, même pour n’aboutir qu’à un refus ; et, bien décidée à repousser les prétentions d’André, elle n’aurait pas été femme si, admettant qu’elles fussent réelles, elles lui eussent déplu. Elle eut donc une légère déception en constatant que sa mère s’était trompée et que, même si elle plaisait à André, jamais il ne penserait à l’épouser. Un instant, dans l’aveuglement qui nous cache toujours la poutre de notre œil, elle l’accusa d’être vil et intéressé, puis elle s’aperçut, à son tour, car elle était de bonne foi, qu’il faisait le même raisonnement qu’elle-même, et cela la fit sourire ; c’était décidément une des conséquences de la pauvreté…

Bientôt consolée de son petit mécompte, elle en vint, avec André, à cette aimable camaraderie, exempte de toute arrière-pensée, si difficile et si rare pour un homme et une femme de leur âge, et que les circonstances ne favorisaient pas seulement, mais, en quelque sorte, leur imposaient. Si bien que ce fut entre eux un commerce charmant.

Huit jours s’étaient déjà passés depuis l’arrivée de Mme et de Mlle de Lacourselle, huit jours qui avaient paru bien courts à André, dans le joli train de vie qui s’était organisé à Bloicy pour lui, entre ces deux femmes intelligentes et aimables toutes deux, quoique différemment, et cette belle fleur de jeunesse qui lui réjouissait le regard et l’esprit, lorsque sa tante lui annonça qu’il allait être modifié ; le comte et la comtesse d’Azas arrivaient.

Du jour où l’on en eut la certitude, ce fut dans le château un branle-bas général. Bien qu’il fût sur un grand pied, on accentuait encore la note d’élégance et du confort lorsque Mme d’Azas devait venir. Elle était accoutumée à un luxe sans pareil, et Mme de Vautour avait le secret et