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RICHE OU AIMÉE ?

regarder du tout à la naissance, du moment que l’honorabilité est sauve, et fort peu à l’éducation : une femme, surtout jeune, se forme si vite ! Mais tout cela à condition d’un million, pour le moins ; à son défaut, je reste garçon.

— Voilà deux professions de foi nettement échangées, fit observer finement Mme de Vauteur, et qui font, mes chers enfants, honneur à votre sincérité ; elles ne peuvent aussi que vous rapprocher ; lorsqu’on a des idées si pareilles, on doit s’entendre à merveille. Vous devriez meme conclure un pacte qui aiderait à la réalisation de vos projets. Toi, Gisèle, chercher dans ta mémoire et tes amies de couvent une héritière pour André, et vous, André, découvrir dans vos camarades ou vos chefs — puisque l’âge ne l’effraie pas — un millionnaire et le présenter à Gisèle.

— Je ne demande pas mieux, fit le jeune homme riant ; signons-nous, mademoiselle Gisèle ?

— Soit ! fit-elle avec une gaité un peu forcée.

— Comment ? reprit-il.

— Holà… mon beau neveu, en tapant dans la main, c’est tout ce que je vous permets, fit Mme de Vauteur, dont la lèvre se retroussait de plus en plus sur ses dents restées blanches. Gisèle tendit sa menotte fraîche aux ongles rosés. André y mit la sienne.

— Conclu, fit-il.

— Conclu, répéta-t-elle.

— Quel jeu ! dit Mme de Lacourselle, c’est vous qui l’avez conseillé, Léonie, et pourtant nous ne savons pas si vous approuvez les idées de ces jeunes gens ?

— Euh ! répondit l’aimable femme, l’argent c’est bien, c’est beau, c’est sage, mais, de mon temps, à leur âge, on croyait, peut-être à tort, qu’il y avait quelque chose de mieux.

V

André, devant la déclaration des idées et des projets de Gisèle, avait eu une sensation désagréable, quoique passagère, la désillusion, grâce