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RICHE OU AIMÉE ?

je ne sais pourquoi, s’installer à Paris, sous prétexte que la grande ville est le seul pays de ceux qui n’en ont pas ; elle y vit avec sa fille, dans un modeste appartement, au quatrième, fort petitement, q uoique avec dignité. Son père et sa mère existent toujours et je pense qu’elle ne dispose, à présent, que de cinq mille francs de rente ; il lui en reviendra peut-être bien encore mille après ses parents, au plus, car elle a trois frères et trois sœurs ; en tout cas, vous voyez d’ici la situation : si Gisèle se marie maintenant, et que sa mère lui donne deux mille francs de dot, c’est tout ce qu’elle pourra faire ; et si, un jour, elle a cinq mille francs de revenus, ce sera le bout du monde. Ce n’est donc pas votre affaire.

— Assurément non.

— D’autant plus que, je vous le confie, je crois que sa mère a fait pour elle le rêve que, de votre côté, vous avez formé, d’un mariage riche.

— Je ne saurais l’en blâmer.

— Enfin, vous voilà au courant ; il était de mon devoir de vous y mettre, gardez-moi le secret et, maintenant, bonsoir, beau neveu.

III

André avait dit vrai à sa tante ; la pauvreté de Gisèle était pour lui la désillusion d’un rêve, court, mais qui pourtant l’avait bercé une heure du charme de son illusion. Il s’agissait de ne plus considérer Mlle de Lacourselle comme une fiancée possible, et cela lui était aisé. Quant à ne plus voir, en elle, la jolie fille dont la grâce spirituelle le ravissait, c’eût été plus difficile et, du reste ien ne s’opposait à ce qu’il continuât à l’admirer sous ce point de vue spécial. Leur connaissance ne devait pas avoir de lendemain, c’était parfaitement chose convenue pour lui et, sans doute aussi pour elle, d’après ce qu’il savait des projets de sa mère. Il se garderait donc bien de