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RICHE OU AIMÉE ?

seules et André ayant fait, lui aussi, un mouvement de retraite, elle le retint d’un geste. Soumis, il se rassit et attendit que sa tante lui expliquat pourquoi elle le gardait près d’elle ce soir-là. Dès que la porte se tut refermée sur Mme et Mlle de Lacourselle, elle commença :

— Eh bien, André, comment trouvez-vous ma petite nièce ?

— Délicieuse, ma tante, répondit celui-ci, à qui cette simple question ouvrait tout un horizon.

— C’est ce qu’il m’a semblé, aussi j’ai voulu vous prévenir, tout de suite ; les jeunes gens, même ceux qui se disent les plus sages et se croient les plus forts, s’emballent si vite !

— Eh bien, ma tante ?

— Eh bien, mon cher enfant, vous voulez épouser une femme riche, m’avez-vous dit : or Gisèle n’a pas un sou vaillant.

— Ah ! fit André tout déçu, vraiment ?

— Absolument rien, je vous en réponds.

— C’est dommage ! dit le jeune homme avec un soupir fort plaisant.

Cette philosophie fit rire Mme de Vauteur.

— L’heureux caractère que vous avez, mon neveu, de prendre ainsi même une désillusion, car c’en est une, avouez-le ?

— Oui, fit André gaiment, c’en est une ; je trouve la petite personne charmante et je ne me figurais pas que votre nièce pût être pauvre. Des catastrophes, comme celle dont j’ai été victime, ne se voient heureusement pas tous les jours.

— Je vais vous expliquer tout cela ; vous n’avez pas sommeil ?

— Près de vous, ma tante ?

— Voyez-moi l’enjôleur ! pour se faire la main, il courtise toutes les femmes, même les vieilles !… Allons, écoutez-moi sérieusement. Vous savez, ou vous ne savez pas, que j’avais deux frères et deux sœurs. Ces dernières, la comtesse de Broment et Mme de Chamade habitent, la première, le Perche, l’autre, le Pas-de-Calais. L’aîné de la famille, Paul, est fixé en Touraine, dans la propriété de nos parents ; mon second frère, Léopold, que j’ai eu le malheur de perdre, était le père de