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RICHE OU AIMÉE ?

queur peut-être, mais très fin et spirituel, qui restait un des charmes de Mme de Vauteur, relevait aussi la lèvre rose de Mlle de Lacourselle : la tante et la nièce se ressemblaient. Ce n’était pas pour déplaire à André, car il aimait beaucoup la douairière, et c’était très sincèrement qu’il lui disait, quelquefois, qu’elle était trop jolie pour son âge, et que cela n’était pas permis de voler ainsi les jeunes.


Elle n’avait rien pris à Mlle de Lacourselle et, lorsque celle-ci, derrière elle et sa mère, pénétra dans la galerie, le jeune officier, la contemplant de plus près, la trouva encore plus jolie.

Elle le considéra d’un petit air surpris et un peu fier qui lui allait à ravir.

Mme de Vauteur, de suite, présenta son neveu.

— Votre neveu ? ma tante, fit étourdiment la jeune fille, tandis que sa mère saluait avec une dignité un peu empruntée ; mon cousin, alors ?

Et elle lui tendit la main.

Charmé de cette spontanéité, André la prit :

— Je bénéficie de votre erreur, mademoiselle, répondit-il, mais je ne me crois pas le droit de la prolonger : je n’ai point l’honneur d’être votre parent ; à peine votre allié.

— Comment ? fit la jeune fille étonnée, vous êtes le neveu de ma tante...

— Ma chère Gisèle, interrompit Mme de Vauteur, souriant avec indulgence à cette irréflexion. André est le neveu de mon mari ; comprenez-vous, à présent ? Il tient à moi par les Vauteur, vous par les Lacourselle.

— Dieu ! s’écria la jeune fille, rougissant subitement, quelle bêtise je viens de dire ! Pardonnez-moi, ma tante, et vous, monsieur, ne me jugez pas là-dessus, je vous en prie ; vous me croiriez encore plus sotte que je ne suis. J’espère me réhabiliter à vos yeux.

— Cela ne sera pas difficile, mademoiselle, répondit André tout à fait subjugué par ce joli ton déluré, et modeste pourtant à force de simplicité, qui allait si bien à la beauté piquante de Mlle de Lacourselle.

Et lorsque après quelques minutes d'un entretien