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RICHE OU AIMÉE ?

— Pas le moins du monde ; je l’avais invitée à venir passer un bout d’été chez moi, ne précisant aucune date ; elle avait accepté de même ; elle m’écrit que, si je suis libre de la recevoir en ce moment, elle arrivera aujourd’hui ; elle ajoute que, sans réponse, elle se mettra en route ; or sa lettre, qui aurait dû me parvenir avant-hier, m’est seulement remise à présent, c’est fort contrariant.

— En effet.

— Bah ! reprit l’aimable femme, revenant à cet heureux tour d’esprit qui était le fond de son caractère et lui faisait prendre le bon côté des choses ; après tout, si j’avais eu la facilité de lui répondre, je l’eusse fait affirmativement, et l’on a bien le temps d’ici ce soir de préparer l’appartement de ces dames. J’ai été un peu surprise, mais, en y réfléchissant, je ne suis pas contrariée. Quant à vous, André, vous allez trouver à qui parler.

— Laquelle est-ce de mesdames vos belles-sœurs ? fit André, qui n’était pas très renseigné sur la famille de sa tante.

— La femme, je devrais plutôt dire la veuve de mon frère Léopold, qui est mort depuis six ans. Oh ! ce n’est pas celle que je préfère… je la vois assez souvent à Paris, qu’elle habite aussi, il le faut bien ainsi, mais elle ne m’est pas très sympathique.

— Ah ! répondit André, plus poli qu’intéressé par cette conversation.

— Seulement, poursuivit Mme de Vauteur, elle a une fille charmante.

— Ah ! fit encore André, sur un tout autre ton. cette fois.

— Oui, charmante, absolument ; jolie comme un ange, spirituelle comme un démon, une vraie petite merveihe que cette mignonne Gisèle.

Et, sans s’apercevoir de l’impression que ces éloges éveillaient en celui qu’elle appelait son beau neveu, Mme de Vauteur le quitta pour donner des ordres en vue de l’arrivée qu’on venait de lui annoncer.

Elle laissa André tout rêveur. Cette jeune fille qui surgissait ainsi inopinément, juste au moment où il était résolu à mettra à exécution ses projets de