Page:Floran - Femme de lettres.pdf/99

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour l’Afrique ; je rechercherai le colonel qui commandait le régiment du lieutenant Pélage au moment de sa mort. J’interrogerai ses camarades, si je puis en retrouver, les témoins de notre duel, s’ils existent encore… En un mot, je ferai la lumière, et, Dieu aidant, j’espère qu’elle dissipera les affres du cauchemar qui nous torture.

Valérie secoua la tête dans un geste de découra­gement et de désespérance, puis, un nuage étei­gnant la pureté de ses yeux clairs, elle ajouta, les détournant :

— La lumière, si elle est faite, confirmera l’horrible chose… Peut-être voudrez-vous me la cacher !

Son mari l’interrompit :

— Valérie, je ne vous ai jamais trompée !

— Je sais ! je sais ! dit-elle, empressée à l’apai­ser, mais je redoutais que… pour ne pas me perdre… Oh ! Roland ! cette seule crainte entre nous, ce seul doute suffirait à empoisonner ma vie. Aussi, je vous en prie, je t’en supplie, continua-t-elle en s’exaltant, je t’en supplie, Roland, mon bien-aimé, jure-moi ! jure-moi que, quelle qu’elle soit, tu me diras la vérité !…

— Je te le jure, dit-il, solennellement, sur mon honneur et sur notre amour !…



VII


L’absence de Roland de Rameterre fut longue. Il chercha d’abord à rejoindre le régiment de la Légion étrangère, où avait servi le lieutenant Pélage. Il le trouva à Aïn-Safra. Mais, dans ces troupes désignées pour les expéditions périlleuses, les officiers, aussi bien que les soldats, se renouevellent rapidement, soit que la mort ou la maladie