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Valérie de B…, la fille de l’homme qu’il avait tué sans connaître son vrai nom.

Ils sont heureux, mais le sang qui est entre eux crie vengeance contre cette monstrueuse union et l’obtiendra un jour ou l’autre.



VII


La nuit était avancée lorsque Mme Tébesson finit sa lecture. Elle était enthousiasmée, en artiste, du sujet palpitant que la volonté d’une inconnue fournissait à son talent, plutôt de traduction que d’invention. Elle qui ne savait guère agencer des situations, créer des types, soutenir des caractères, enchaîner des circonstances, quel parti elle allait tirer de ce roman tout fait et frissonnant d’intérêt qu’on mettait à sa disposition ! Comme elle saurait bien l’écrire dans cette langue très pure dont elle avait le secret, le mettre en forme, en valeur ! Oh ! elle n’y changerait rien, toute retouche n’eût pu que le gâter. C’était bien une histoire vécue, toute poignante de vérité tragique. Pour elle, Mme Té­besson ne se le dissimulait pas, il lui faudrait abandonner le genre doux de ses petits romans anodins, prendre le langage de la passion pour traduire cette histoire de mort et d’amour. C’était peu des faits, l’exposition devait leur donner toute leur saveur, toute leur force, par la savante gra­dation des effets et les scènes largement traitées. Cette fois, la première de sa vie, Mme Tébesson écrirait un roman passionnel.

Et alors, sans doute, le succès qui l’avait toujours fuie viendrait à elle. Les cinq cent mille francs qu’elle toucherait comme prix de son travail ne seraient sans doute que la première pierre où