En organisant le nouveau gouvernement, Baldivia n’avait placé sous ses ordres que des gens extrêmement nuls, afin de paralyser toute opposition et d’avoir constamment à sa disposition de dociles instruments. Il nomma préfet don Emmanuel Cuadros, homme tout à fait incapable, mais qui se recommandait à son choix par la haine implacable qu’il portait aux Goyenèche. Le señor Cuadros avait demandé mademoiselle de Goyenèche en mariage ; cette demoiselle, que sa fortune rendait exigeante, avait déjà refusé de nombreux partis ; le señor Cuadros fut, je crois, le vingtième éconduit ; elle se fâchait à chaque proposition nouvelle qui lui était faite, disant tout haut « qu’elle ne concevait pas comment des hommes, n’ayant pour toute fortune que 60 à 80,000 piastres, osaient venir lui offrir une piastre en échange d’une once. » Le señor Cuadros d’Osencio appartenait à une très bonne famille de Cadix : aussi orgueilleux que sot, et furieux de voir qu’on mesurait son mérite au nombre de ses piastres, il devint l’ennemi irréconciliable de cette famille ; et, lorsqu’il fut en place, la pauvre Marequita paya bien cher le refus, un peu hautain, qu’elle avait fait du señor Cuadros.