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Baldivia entra dans la carrière civile, se fit avocat, écrivain, journaliste, sans cesser d’être prêtre ; il se mit ainsi en position de profiter de tous les événements, se réservant de se couvrir, au besoin, de son caractère sacerdotal, et de s’en servir, selon l’occurrence, comme moyen d’agression. Luna Pizarro, député d’Aréquipa au congrès national, intriguait à Lima, saisissait toutes les occasions de fomenter les discordes, d’exciter les troubles, de provoquer aux révolutions, tandis qu’à Aréquipa Baldivia faisait, comme prêtre, les prédications les plus furibondes contre l’évêque, l’attaquait dans ses plaidoyers, dans les articles virulents de son journal, irritait contre lui toute la population, et, le traînant dans la boue, lui enlevait tout le prestige de respect dont le prélat avait été jusqu’alors entouré. Le moine a tant d’esprit, de logique, de véhémence, que chaque article qu’il lançait dans son journal contre l’évêque lui faisait perdre un de ses membres, comme disait mon cousin Althaus ; mais si la voix de l’impétueux Baldivia eut autant de puissance contre l’évêque, c’est qu’il y avait de la vérité dans ses attaques. Baldivia et Luna Pizarro ne se montrèrent pas plus durs et impitoyables en-