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fusils ; et les sabres ! ho ! ce seraient d’excellents instruments pour couper des navets. Je ne vous parle pas des piles de drap bleu, couleur des grenadiers français, et des milliers de ceinturons, de baudriers que j’ai rencontrés dans un coin sans voir nulle part une seule giberne. Le diable m’emporte, il faut croire que des pigeons voyageurs auront porté la nouvelle de la révolution de Lima à ces farceurs de capitaines anglais et français, pour qu’ils soient venus empester le Pérou de tous ces rebuts de boutiques. Vous pensez peut-être que toutes ces armes étaient rangées dans l’ordre exigé pour leur conservation ; que les fusils, par exemple, avaient été disposés de manière à prévenir l’atteinte de la rouille ? nullement ; tous les objets du magasin entassés pêle-mêle dans la vieille chapelle, où l’eau tombe de tous côtés, y avaient été jetés comme des bottes de foin ; mais n’importe, mouillés où non, les chiens de ces fusils n’aboieront jamais. Allons, braves bourgeois d’Aréquipa, actuellement vous devez être contents ! si on vous prend votre argent, vous avez au moins la satisfaction de le voir utilement employé. Vous voilà avec un grand magasin, où il y a plus de sabres que vous n’aurez jamais de