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— Père Hurtado, vous allez encore me faire mettre en colère ; il en est de même chaque fois que je cause avec vous. N’allez-vous pas entreprendre de me prouver que c’est votre sagesse qui vous a fourni les moyens d’acheter les sept ou huit maisons que vous possédez en ville, votre belle campagne, votre grande sucrerie ; que c’est avec votre sagesse que vous avez élevé vos onze enfants, fait donner à tous de l’éducation, doté vos filles ; que c’est dans votre sagesse que vous trouvez de quoi entretenir votre fille, religieuse à Santa-Cathalina, avec un luxe qui scandalise toute la communauté ; à faire des offrandes aux couvents, à bâtir une église dans le village où est située votre campagne ?… Ah ! laissez-nous donc tranquilles avec votre sagesse ; par le Christ ! à ce prix-là tout le monde deviendrait sage.

— Oui, si les dispositions à la sagesse avaient été données au monde ; mais j’ai beau observer attentivement de tous côtés, je ne découvre aucun sage et ne vois que des fous… Adieu, voisine… Ma chère demoiselle Florita, puisque vous allez mieux, venez donc me voir. J’ai encore beaucoup d’autres choses curieuses à vous montrer dans mon cabinet. Vous avez, ma chère