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lui serait impossible de réussir à faire réélire son mari, elle eut recours à un tour d’adresse. Le seňor Gamarra alla déclarer au sénat qu’il n’accepterait pas la présidence, parce que sa santé ne lui permettait plus de s’occuper des affaires publiques. La seňora Gamarra voulut faire nommer à la présidence une de ses créatures, un esclave soumis à ses volontés ; elle et son mari portèrent toute leur influence et celle de leurs amis sur Bermudez ; néanmoins Orbegoso l’emporta, comme on l’a vu.

Pour en finir avec l’histoire de dona Pencha, je dirai qu’arrivée à Valparaiso, elle loua une très belle maison meublée, où elle s’établit avec Escudero et ses nombreux serviteurs ; mais pas une dame de la ville n’alla lui rendre visite. Les étrangers qui avaient eu à s’en plaindre crièrent tous contre elle. Ce fut à peine si deux ou trois officiers de ses anciens compagnons d’armes eurent la politesse d’aller la voir. Cette femme, fière et hautaine dut cruellement souffrir dans cet abandon universel, dans cet isolement où les haines l’enfermaient. Condamnée à l’immobilité, c’était, avec l’activité de son ame, être jetée vivante dans un tombeau. N’ayant pas reçu de lettre d’Escudero depuis mon départ de Lima,