et elle eût fondé un ordre de choses stable, eût fait prospérer le Pérou, aurait été une grande reine si, avant d’en affecter la suprême autorité, elle eut employé toutes ses ressources à s’en assurer à jamais le pouvoir. Elle était extrêmement laborieuse, d’une activité infatigable, et ne s’en rapportant à personne, elle voulait tout voir par elle-même. Sachant très bien choisir son monde, elle ne montrait pas moins de discernement dans la répartition du travail à faire, des missions à remplir. Économe dans sa dépense personnelle, elle était généreuse pour ceux qui répondaient à sa confiance ; elle traitait bien ses serviteurs, et tous lui étaient dévoués. Cette femme guerrière excellait à monter à cheval, à dompter les coursiers les plus fougueux et parlait en public avec autant de dignité que de précision. Avec toutes ces vertus nécessaires à l’exercice du pouvoir, dans la situation où se trouvait le Pérou, la seňora Gamarra eut néanmoins beaucoup de peine à parvenir à la fin de sa troisième année (les fonctions de président sont confiées pour trois ans) ; son despotisme avait été tellement dur, son joug si pesant, elle avait froissé tant d’amours-propres, qu’une opposition imposante s’éleva contre elle. Quand elle vit qu’il
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