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amants, et qu’elle ne leur avait retiré ses bonnes grâces que parce qu’ils avaient cessé de l’aimer. Ces calomnies irritaient la fière et indomptable présidente, et plusieurs fois la rendirent cruelle. Les actions qu’elles lui firent commettre montrent jusqu’à quel point la colère l’emportait, et avec quelle violence elle ressentait ces outrages. Un jour, elle alla au Callao visiter les prisons militaires qui sont sous l’un des châteaux-forts. À son arrivée, toute la garnison se met sous les armes pour la recevoir ; elle fait son inspection, et, en passant devant un des bataillons, elle aperçoit un colonel qui lui avait été signalé comme s’étant vanté partout d’avoir été son amant. Aussitôt elle s’élance sur lui, arrache son épaulette, lui donne trois ou quatre coups de cravache à travers la figure, et le pousse si rudement, qu’il va tomber sous les pieds de son cheval ; tous les assistants restent pétrifiés : « C’est ainsi, s’écria-t-elle d’une voix retentissante, que je corrigerai moi-même les insolents qui oseront calomnier la présidente de la république. » Une autre fois, elle invite quatre officiers à dîner, se montre aimable pendant tout le repas ; au dessert, elle interpelle l’un d’eux en lui disant :