que le public l’apprit par ses ennemis. Ses sollicitations, ses intrigues avaient fait porter son mari à la présidence ; et, une fois qu’elle l’y eut placé, elle s’empara du maniement des affaires, se lia intimement avec Escudero, et se servit avec habileté de ceux qu’elle jugea capables de la seconder. Lorsqu’elle parvint au pouvoir après le général Lamarre, la république était dans le plus déplorable état ; les guerres civiles déchiraient le pays en tous sens. Il n’y avait pas une piastre dans le Trésor ; les soldats se vendaient à ceux qui leur offraient le plus ; en un mot, c’était l’anarchie avec toutes ses horreurs. Cette femme, élevée dans un couvent, n’ayant nulle instruction, mais douée d’un sens droit et d’une force de volonté peu commune, sut si bien gouverner ce peuple jusqu’alors ingouvernable même pour Bolivar, qu’en moins d’un an l’ordre et le calme reparurent ; les factions étaient apaisées ; le commerce florissait ; l’armée avait repris confiance en ses chefs ; et, si la tranquillité ne régnait pas encore dans tout le Pérou, au moins la plus grande partie en jouissait.
Les vertus héroïques de dona Pencha la firent aimer autant qu’admirer au commencement de