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matinée, ils couraient à cheval, vêtus en riches brigands mexicains ; ensuite ils allaient se promener avec des filles perdues ; enfin ils se mettaient à table, et passaient le reste de leur temps à boire du grog et à le cuver. À part cette conduite, dont le résultat ne faisait de mal qu’à leur santé et à leur bourse, c’étaient des hommes doux, aimables et commodes à vivre. Le commandant se distinguait surtout par les manières d’un homme comme il faut, qu’il avait conservées dans le cours d’une vie de débauches ; sa laideur était avenante, comme l’est presque toujours celle des personnes grêlées. Je lui avais promis d’aller visiter sa frégate le jour où j’irais voir mon navire. J’avoue que je m’attendais à trouver le même laisser-aller à bord de la frégate que dans son commandant et ses officiers   ; quelle fut donc ma surprise, en mettant le pied sur son pont, d’y voir régner l’ordre et la propreté jusque dans les plus petits détails ! Je n’avais encore rien vu de semblable ; les deux entreponts, les lits, la tenue des soldats, celle des officiers de service étaient admirables de convenance et de régularité. Comme je regardais tout avec un air d’étonnement, le commandant me dit, en souriant : — Je suis sûr,