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Elle sortit de ce silence avec l’accent du désespoir et de l’ironie.

— Ah ! Florita, votre orgueil vous abuse ; vous vous croyez plus forte que moi ; insensée ! vous ignorez les luttes sans cesse renaissantes que j’ai eues à soutenir pendant huit ans ! les humiliations, oh ! les sanglantes humiliations que j’ai dû supporter !… J’ai prié, flatté, menti ; j’ai usé de tout ; je n’ai reculé devant rien… et cependant je n’ai pas encore assez fait !… Je croyais avoir réussi, toucher enfin au terme où j’allais recueillir les fruits de huit années de tourments, de peines et de sacrifices, lorsque, par un coup infernal, je me suis vue chassée, perdue ! perdue, Florita !… Je ne reviendrai jamais au Pérou… Ah ! gloire, que tu coûtes cher ! Quelle folie de sacrifier le bonheur de l’existence, la vie entière pour t’obtenir ; elle n’est qu’un éclair, une fumée, un nuage, une déception fantastique ; elle n’est rien… Et cependant, Florita, le jour où j’aurai perdu tout espoir de vivre enveloppée de ce nuage, de cette fumée ; ce jour-là, il n’y aura plus de soleil pour m’éclairer, d’air pour ma poitrine, je mourrai.

L’expression sombre de dona Pencha vint