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gibles. Quand je questionnais Althaus à ce sujet, il me répondait en riant : — Florita, depuis que j’ai l’honneur de servir la république du Pérou, je n’ai pas encore vu un président dont le titre ne fût très contestable… Parfois il s’en est trouvé jusqu’à cinq qui se disaient être légalement élus.

En résumé, voici ce que j’ai pu saisir. La présidente Gamarra, voyant qu’elle ne pouvait plus maintenir son mari au pouvoir, fit porter, par ses partisans, comme candidat, Bermudez, une de ses créatures, et il fut élu président. Ses antagonistes alléguèrent, je ne sais pour quelles raisons, que la nomination de Bermudez était nulle, et, de leur côté, ils nommèrent Orbegoso. Alors les troubles éclatèrent.

Je me rappelle que, le jour où la nouvelle en arriva de Lima, j’étais malade et couchée sur mon lit, tout habillée, causant avec ma cousine Carmen sur le vide des choses humaines ; il pouvait être quatre heures. Tout à coup, Emmanuel se précipite dans la chambre avec un air effaré et nous dit : — Vous ne savez pas ce qui se passe ? le courrier vient d’apporter la nouvelle qu’il y a eu une affreuse révolution à Lima ! un massacre épouvantable ! On en a été