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courir d’aussi imminents dangers pour gagner leur pain, je me demandais s’il existait un genre de travail pour lequel l’esclavage pût être nécessaire, et si un pays où il se trouvait des hommes forcés pour vivre d’exercer un pareil métier avait besoin d’esclaves.

J’ai déjà dit que je ne concevais pas le motif de la prédilection des Liméniens pour Chorrillos ; ce mot veut dire égouts : on a ainsi nommé ce village à cause des filets d’eau qui tombent du haut des rochers dont la plage est bordée, et qui forment, au bas, une mare d’eau douce. C’est auprès de ce petit lac qu’on va se baigner ; en cet endroit la mer est assez calme, et jamais les vagues n’atteignent le lac. Ce voisinage de l’eau douce offre un grand avantage aux baigneurs, dont la plupart vont s’y rincer, au sortir de la mer, pour enlever les particules salines, adhérentes à la peau. La place est, du reste, fort incommode pour se baigner ; on y pourrait faire à peu de frais des bains aussi agréables que ceux de Dieppe. Si Chorrillos conserve la vogue, peut-être les Liméniens y songeront-ils un jour.

El Baranco, oasis charmante dont j’ai déjà parlé, eût été le lieu convenable pour établir le