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lons n’avaient qu’un petit tablier d’un pied carré. Le costume des jours ordinaires est beaucoup plus simple encore. Les négrillons sont entièrement nus ; les femmes n’ont que la petite jupe, les hommes que leur pantalon ou un petit tablier. M. Lavalle a la réputation d’être très luxueux pour ses nègres.

Les pays chauds sont riches en fruits ; le verger de M. Lavalle les réunit tous. Le sol leur est favorable, et ils y deviennent très beaux ; le sapotillier, par son élévation, semble vouloir mettre hors de l’atteinte de l’homme sa grosse pomme d’un vert foncé, dont la pulpe juteuse réunit les plus délicieuses saveurs ; aussi haut que le chêne, le manguier porte ses fruits à la forme ovale, à la chair filandreuse, à l’odeur de térébenthine. Je ne cessais d’admirer les touffes de ces grands et beaux orangers aux rameaux d’un beau vert, ployant sous le poids de milliers de boules dont la couleur égayait la vue et le parfum embaumait l’atmosphère. Je me croyais transportée dans un nouvel Éden ! Des berceaux de grenadilles, de barbadines offraient à la main les sorbets de leurs fruits ; tandis que, çà et là, des bananiers, succombant sous le poids de leurs régimes, étalaient leurs