Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/410

Cette page a été validée par deux contributeurs.
406

à faire cultiver quelques terres aux Indiens qu’ils ont réunis. Il en est de même des nègres ; et vous autres Français en avez fait l’expérience à Saint-Domingue. Depuis que vous avez affranchi vos esclaves, ils ne travaillent plus.

— Je crois avec vous que l’homme blanc, rouge ou noir, se résout difficilement au travail, lorsqu’il n’y a pas été élevé ; mais l’esclavage corrompt l’homme, et, lui rendant le travail odieux, ne saurait le préparer à la civilisation.

— Cependant, mademoiselle, du temps des Romains l’Europe était couverte d’esclaves, et l’esclavage s’est encore maintenu en Russie et en Hongrie.

— Aussi, monsieur, les guerres serviles mirent souvent en péril l’empire romain, et il n’eût pas succombé sous l’invasion des peuples du nord, si les terres y eussent été cultivées par des mains libres, si les villes n’eussent contenu plus d’esclaves que de citoyens. Les nations germaniques et slaves avaient aussi des esclaves, mais uniquement consacrés à la culture des terres ; ces esclaves en étaient les colons partiaires, ainsi qu’ils le sont en Russie et en Hongrie, dont vous venez de parler. C’est cet esclavage, beaucoup plus doux que n’était