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Je me liai très intimement avec dona Calista Thwaites, et j’éprouvai un vif chagrin de ne pouvoir la décider à venir vivre en Europe. Cette femme est réellement très supérieure, tant par la haute portée de son esprit que par l’immense variété de ses connaissances. Elle parle l’anglais d’une manière admirable ; elle a traduit une grande partie de lord Byron en espagnol et en français ; l’étendue de son érudition est surprenante relativement à son âge ; elle n’avait alors que vingt-neuf ans ; née à Buenos-Ayres, elle s’y était mariée avec un Anglais ; il y avait quatre ans qu’elle était venue s’établir à Lima, où son mari avait une maison de commerce ; elle devint veuve peu de temps après son arrivée, et jouissait d’une belle fortune. On ne peut voir sans regret une telle femme se fixer dans un pays où si peu de personnes sont à même de l’apprécier ; puisse-t-elle faire naître chez quelques uns le goût des lettres et apparaître des lumières dans cette épaisse obscurité ! la Providence, en lui inspirant la volonté d’habiter le Pérou, semble l’avoir destinée à cette mission.

Quand j’arrivai à Lima, je ne vis pas madame Riclos ; elle venait de perdre sa grand’-