femme fut obligée de quitter sa mère et ses sœurs qu’elle aimait tendrement et dont elle était chérie, pour suivre son mari dans ses États. Elle arriva à Valparaiso avec un enfant de quinze mois, et enceinte ; elle y demeura près de deux ans, vivant dans une maison garnie de la manière la plus mesquine, sans oser demander à son auguste époux quand enfin il comptait la conduire dans son palais. M. de la Riva-Aguero ayant, pour subvenir à cette misérable existence, épuisé ses faibles ressources, se trouva forcé de mener sa femme à Lima. Ah ! quel dut être l’amer désespoir de cette jeune femme à la vue de la petite maison dans laquelle l’établit son mari. Son malheur était certain ; cet homme avait indignement abusé de la crédulité de son père ; elle se voyait à trois mille lieues de son pays, sans sa mère, ni aucun des siens pour la consoler et l’aider des conseils de l’affection ; elle s’y voyait sans nulle fortune, sans nulle considération, aux prises avec la misère et condamnée aux chagrins de toute espèce, à craindre même pour ses enfants. Il dut être horrible son désespoir !!! M. de la Riva-Aguero avait menti en se donnant pour président de la république du Pérou : il est vrai que, dans
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