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que d’air. Le dimanche, les jours de fête, cette promenade ressemble, le soir, au boulevard de Gand. La foule se presse sur les bas-côtés formés par deux allées ombragées de grands arbres. Les femmes y sont presque toutes en saya, et beaucoup assises sur les bancs ; dans cette position, leur costume laisse voir jusqu’aux genoux. Il y a, sur la chaussée, de nombreuses calèches ; les unes vont au pas, d’autres s’arrêtent, afin que les dames qu’elles renferment puissent faire admirer leur beauté et leur parure. On reste quatre à cinq heures à cette promenade ; ce qui m’eût paru très long si je n’y avais été en compagnie de plusieurs dames, et particulièrement de ma tante, qui est pétillante d’esprit lorsqu’elle fait de la critique ; et, à ce paseo, il y a beau champ pour en faire.…

L’ouverture du printemps est un des grands plaisirs de Lima : c’est réellement une superbe fête. Le jour de la Saint-Jean commence la promenade des Amancais[1], espèce de Longchamp, auquel j’allai avec dona Calista, une de mes amies. Toute la population s’y était rendue. Il y

  1. Amancais est le nom d’une fleur jaune qui croît sur les montagnes.