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qui est reçu, se nomme disfrazar. Une disfrazarda est considérée comme fort respectable ; aussi ne lui adresse-t-on jamais la parole : on ne l’approche que très timidement   ; il serait inconvenant et même déloyal de la suivre. On suppose, avec raison, que, puisqu’elle s’est déguisée, c’est parce qu’elle a des motifs importants pour le faire, et que, par conséquent, on ne doit pas s’arroger le droit d’examiner ses démarches.

D’après ce que je viens d’écrire sur le costume et les usages des Liméniennes, on concevra facilement quelles doivent avoir un tout autre ordre d’idées que celui des Européennes, qui, dès leur enfance, sont esclaves des lois, des mœurs, des coutumes, des préjugés, des modes, de tout enfin ; tandis que, sous la saya, la Liménienne est libre, jouit de son indépendance et se repose avec confiance sur cette force véritable que tout être sent en lui, lorsqu’il peut agir selon les besoins de son organisation. La femme de Lima, dans toutes les positions de la vie, est toujours elle ; jamais elle ne subit aucune contrainte : jeune fille, elle échappe à la domination de ses parents par la liberté que lui donne son costume ; quand elle se ma-