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doit être attribuée à la supériorité d’intelligence que Dieu leur a départie.

On doit cependant faire remarquer combien le costume des Liméniennes est favorable et seconde leur intelligence pour leur faire acquérir la grande liberté et l’influence dominatrice dont elles jouissent. Si jamais elles abandonnaient ce costume sans prendre des mœurs nouvelles, si elles ne remplaçaient pas les moyens de séduction que leur fournit ce déguisement, par l’acquisition des talents, des vertus qui ont le bonheur, le perfectionnement des autres pour objets, vertus dont jusqu’alors elles n’auraient pu sentir le besoin, on peut prédire sans hésiter qu’elles perdraient immédiatement tout leur empire, qu’elles tomberaient même très bas et seraient aussi malheureuses que créatures humaines peuvent l’être ; elles ne pourraient plus se livrer à cette activité incessante que leur incognito favorise, et seraient en proie à l’ennui, sans nul moyen de suppléer au manque d’estime qu’on professe généralement pour les êtres qui ne sont accessibles qu’aux jouissances des sens. En preuve de ce que j’avance, je vais tracer une légère esquisse des usages de la société de Lima, et l’on ju-