Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/372

Cette page a été validée par deux contributeurs.
368

hanches, descend jusqu’aux chevilles des pieds ; elle est tellement collante que, dans le bas, elle a tout juste la largeur nécessaire pour qu’on puisse mettre un pied devant l’autre, et marcher à très petits pas. On se trouve ainsi serrée dans cette jupe comme dans une gaine. Elle est plissée entièrement de haut en bas, à très petits plis, et avec une telle régularité, qu’il serait impossible de découvrir les coutures. Ces plis sont si solidement faits, ils donnent à ce sac une telle élasticité, que j’ai vu des sayas qui duraient depuis quinze ans, et qui conservaient encore assez d’élasticité pour dessiner toutes les formes et se prêter à tous les mouvements.

Le manto est aussi artistement plissé, mais fait en étoffe très légère, il ne saurait durer autant que la jupe, ni le plissage résister aux mouvements continuels de celle qui le porte et à l’humidité de son haleine. Les femmes de la bonne société portent leur saya en satin noir ; les élégantes en ont aussi en couleurs de fantaisie, telles que violet, marron, vert, gros bleu, rayées, mais jamais en couleurs claires, par la raison que les filles publiques les ont adoptées de préférence. Le manto est toujours noir, enveloppant le buste en entier ; il ne