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tion. J’étais préoccupée de ces réflexions, lorsque nous vîmes venir la calèche de ma belle tante ; elle me cria, du plus loin qu’elle put se faire entendre : « Eh bien ! sensible Florita, pourquoi vous sauvez-vous ainsi au plus beau moment ! Oh ! si vous aviez vu le dernier ! quel magnifique animal ! il était réellement effrayant ! Il y a eu un enthousiasme dans la salle, oh ! c’était ravissant ! » Misérable peuple ! pensais-je, es-tu donc sans pitié pour trouver des délices dans de pareilles scènes !

Le Rimac ressemble beaucoup à la rivière d’Aréquipa ; il court de même sur un lit de pierres et entre des rochers. Le pont est assez beau, et c’est là que se portent les badauds pour voir passer les femmes qui vont se promener au Paseo del agua. Avant de poursuivre, je vais faire connaître le costume spécial aux femmes de Lima, le parti qu’elles en tirent, et l’influence qu’il a sur leurs mœurs, habitudes et caractère.

Il n’est point de lieu sur la terre où les femmes soient plus libres, exercent plus d’empire qu’à Lima. Elles règnent là sans partage ; c’est d’elles, en tout, que part l’impulsion. Il semble que les Liméniennes absorbent, à elles