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pagnie de ma tante, d’une autre dame et de M. Smith. Je trouvai là une population immense, cinq ou six mille personnes, peut-être plus, toutes très bien parées, selon leur condition, et joyeuses du plaisir qu’elles attendaient. Autour d’une vaste arène sont placées, en amphithéâtre, vingt rangées de banquettes ; au dessus règne la galerie ; elle est divisée en loges occupées par l’aristocratie liménienne. La vue de la douleur me fait tant de mal, que je ressens une peine réelle à rendre compte du spectacle dégoûtant de barbarie dont je fus témoin. Il m’est impossible de maîtriser les émotions que j’éprouve à ces scènes d’horreur, et le pinceau pour les peindre échappe de mes mains.

Dans l’arène, il y a quatre ou cinq hommes à cheval, tenant en main un petit drapeau rouge et une lance courte à lame acérée et tranchante. Au milieu de cette arène, il y a une rotonde formée de pieux assez rapprochés pour que les taureaux ne puissent pas passer la tête dans les interstices. Trois ou quatre hommes à pied se tiennent dans cette rotonde ; ils en sortent lorsqu’ils vont ouvrir la porte par laquelle l’animal entre dans l’arène et pour l’y asticoter. Ils lui jettent alors des fusées sur le dos, dans les