une très bonne troupe d’italiens qui représentait avec succès et bien, au dire de madame Denuelle, les meilleurs opéras. La prima dona devint enceinte et ne voulut plus rester ; son départ désespéra son amant qui la suivit, et ses camarades furent obligés d’aller chercher fortune ailleurs. On ne joue que deux fois par semaine, les dimanches et jeudis ; chaque fois que j’y suis allée, j’ai vu peu de monde. Dans les entr’actes, tous les spectateurs fument, même les femmes. Cette salle serait beaucoup trop exiguë si la population avait autant de passion pour les représentations dramatiques que pour les combats de taureaux.
L’arène construite pour ce genre de spectacle démontre, par ses gigantesques dimensions, le goût dominant de ce peuple. J’hésitais longtemps à me rendre aux sollicitations des dames de ma connaissance, qui m’offraient leurs loges, tant j’éprouvais de peine à surmonter ma répugnance pour ces sortes de boucheries ; cependant, voulant étudier les mœurs du pays, je ne pouvais me borner aux observations de salon ; je devais voir ce peuple partout où ses penchants l’entraînent. Je me rendis donc, un dimanche, au combat de taureaux, en com-