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aussi mal bâti que mal placé. La distribution intérieure en est fort incommode ; la salle de réception, longue et étroite, ressemble à une galerie : le tout est très mesquinement meublé. Je songeais, en y entrant, à Bolivar et à ce que ma mère m’en avait raconté : lui qui aimait tant le luxe, le faste, l’air, comment avait-il pu se résoudre à habiter ce palais qui ne valait pas l’antichambre de l’hôtel qu’il occupait à Paris ? mais à Lima, il commandait, il était le premier, tandis qu’à Paris il n’était rien ; et l’amour de la domination fait passer par dessus bien d’autres inconvénients. Pendant que j’étais à Lima, il n’y eut chez le président ni bals, ni grandes réceptions ; j’en fus contrariée ; j’aurais été très curieuse de voir une de leurs réunions d’apparat.

L’hôtel-de-ville est très grand, mais ne contient rien de remarquable. La bibliothèque m’offrit plus d’intérêt ; elle est placée dans un beau local ; les salles en sont vastes et bien entretenues ; les livres sont disposés sur des rayons avec beaucoup d’ordre : il y a des tables recouvertes de tapis verts, entourées de chaises ; là se trouvent tous les journaux du pays. La majeure partie des livres tels que Voltaire, Rousseau, la plupart de nos classi-