Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/359

Cette page a été validée par deux contributeurs.
355

habituellement de leur place   : cependant il y a une tribune ; mais ce n’est que très rarement que je l’ai vue occupée. Cette assemblée est beaucoup plus grave que ne le sont les nôtres. Quand un orateur parle, personne ne l’interrompt ; on l’écoute avec un religieux silence : pas une de ses paroles ne se perd, toutes sont entendues. Cette langue espagnole est si belle, si majestueuse, ses désinences sont si pleines, si variées, et en même temps les peuples qui la parlent ont, en général, tant d’imagination, que tous les orateurs que j’entendais me paraissaient être très éloquents. La dignité de leur maintien, leur voix sonore, leurs paroles bien accentuées, leurs gestes imposants, tout en eux concourt à charmer l’auditoire. Les prêtres, particulièrement, se distinguent parmi les autres orateurs. L’étranger qui jugerait cette nation sur les discours de ses représentants trouverait plus de mécompte encore, dans l’opinion qu’il en aurait conçue, que s’il eût jugé d’un livre sur l’annonce de l’éditeur. Il n’est personne qui ne se rappelle cette belle insurrection napolitaine, les éloquents discours des orateurs de son assemblée, leurs serments de mourir pour la patrie, et tout ce que cela devint