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me faire une opinion sur l’esprit, le mérite des hommes qui se trouvaient à la tête du gouvernement. Orbegoso et les officiers dont il était entouré me parurent d’une nullité complète. Je revis là aussi le fameux prêtre Luna Pizarro ; il est, selon moi, au dessous de sa réputation, et loin d’avoir autant de capacité que Baldivia. Ce vieillard est, par sa virulence, le Marat du Pérou ; du reste, je n’ai rencontré en lui aucune portée de vues ; il nous montrait la passion du démolisseur, mais non les plans de l’architecte. L’ambition privée est le mobile de tous ces personnages ; le but du vieux prêtre était de remplacer l’évêque d’Aréquipa ; il s’était fait factieux pour l’atteindre ; il aurait été plat courtisan si c’eût été un moyen de réussir ; malheureusement, le peuple est trop abruti pour qu’il sorte de son sein de véritables tribuns, et pour juger les hommes qui conduisent ses affaires.

Lima, qui, actuellement, contient près de quatre-vingt mille habitants, fut bâtie par Pizarro en 1535 : je ne sais d’où lui vient son nom. Cette ville renferme de très beaux monuments, une grande quantité d’églises, de couvents d’hommes et de femmes. Les maisons sont