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pitaines, de subrécargues et de passagers français allant et venant.

Je le dis à regret : il y a encore moins d’accord à Lima, entre nos compatriotes, qu’à Aréquipa ; tous se détestent, se calomnient et se nuisent autant qu’ils le peuvent. En tête des maisons françaises, je citerai celles de MM. Gautreau, de Nantes ; Dalidou, Martenet, Larichardière, de Bordeaux ; Baroillet, de Bayonne, etc., etc. Il y a une foule d’autres Français, commerçants, artistes, maîtres de toute espèce, artisans, etc. Il y a également beaucoup de Françaises marchandes de modes, couturières, maîtresses de pension, sages-femmes ; tout ce monde cherche à faire fortune, et y réussit plus ou moins bien.

En huit jours, madame Denuelle me mit au courant de tout ce qui se faisait dans la ville. Elle me fit connaître, par ses récits, la majeure partie des personnes, aussi bien que si je les eusse étudiées pendant dix ans. Jamais je n’ai mené une vie plus variée, plus amusante, mais dont, toutefois, je n’aurais pas aimé la continuité : à peine si j’avais un moment pour écrire mon journal ; aussitôt que j’étais seule, madame