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pendaient à ses oreilles ; un collier de perles ornait son cou de cygne, et des bracelets de diverses espèces faisaient ressortir la blancheur de ses bras. Un grand manteau en velours, couleur bleu-de-ciel foncé, doublé de satin blanc, drapait ce beau corps, et un voile de blonde noire, jeté négligemment sur sa tête, la dérobait aux regards curieux des passants. Elle avait cessé de parler que, la regardant toujours, je l’écoutais encore, et ne répondis, à toutes ses offres de service, qu’en m’écriant : — Mon Dieu, ma tante, que vous êtes belle !… Ho ! qui pourra m’expliquer le magique empire de la beauté ? de cet ascendant irrésistible, qui harmonise tout, sans avoir lui-même d’apparence qu’on puisse définir ? de cette émanation divine qui donne la vie aux formes, aux couleurs, vibre dans les sons, s’exhale en parfums ? puissance magnétique, répandue, selon les fins de la Providence, sur tous les êtres de la création ; hiérarchie partant de Dieu, descendant à l’atome qu’aucun œil ne peut apercevoir ? Cette cause occulte, qui détermine nos choix, nos prédilections, qui nous fascine, la beauté sous quelque forme qu’elle se montre, aérienne, visible, ou palpable, pénètre tout mon être de sa