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une longue conversation, dans laquelle mon oncle eut le talent de nous persuader, même à moi, qu’il m’aimait à l’égal de son propre enfant ; que sa conduite à mon égard n’avait jamais cessé d’être loyale, généreuse, et pleine de reconnaissance pour tout ce qu’il devait à mon père ; après m’avoir attendrie jusqu’à provoquer mes larmes et émouvoir Althaus, il me demanda, de la manière la plus caressante, de vouloir bien oublier tout ce qui s’était passé entre nous, et me supplia de rester chez lui comme sa fille, son amie, celle de sa femme, la seconde mère de ses enfants ; et tout cela avec tant de charme, de vérité dans l’accent, que je lui promis tout ce qu’il voulut. Joaquina vint ensuite achever ce que mon oncle avait si bien commencé ; et les deux sirènes me fascinèrent à un tel point que, renonçant à tout procès, je me confiai, non plus à leur justice, mais à leurs promesses.

M. Le Bris et toutes les personnes de mon intimité admirèrent mon courage et s’étonnèrent de la résignation avec laquelle je me laissais dépouiller ; elles ne s’y seraient pas attendues de la fierté et de l’indépendance de mon caractère. Je concevais leur étonnement : ma grande fran-