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conversation fût plus instructive, les manières plus aimables, les saillies plus gaies.

A Congata, nous trouvâmes un bon déjeuner tout prêt que nous devions à la galanterie du très attentionné M. Smith. Je revis mon petit Mariano, grandi, embelli ; il voulait absolument venir avec moi en France. Ce cher enfant était admirable d’expression, quand il me disait « Mi Floritay[1], dites à ces étrangers qu’ils nous laissent seuls ; ils me gênent et j’ai besoin de vous parler. » Nous restâmes chez M, Najarra jusqu’à ce que la chaleur fût un peu tombée ; vers midi, le vent de mer commença à souffler, et nous nous mîmes en route.

En me séparant de mes deux meilleurs amis, MM. Le Bris et Viollier, j’éprouvai de douloureux regrets. Pendant sept mois, ils m’avaient donné toutes sortes de marques d’intérêt, et je ressentais pour eux la plus sincère amitié.

M. Smith avait pour domestique un Chilien très intelligent et mom oncle m’avait donné un homme de confiance pour m’accompagner et me servir jusqu’à mon embarquement. De plus, je

  1. La diphthongue ay, mise à la fin des noms, leur donne une douceur caressante. On ne l’emploie que pour parler aux personnes qu’on aime tendrement.