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Viollier étaient tristes, et mon oncle paraissait l’être aussi ; quant à moi, une voix secrète me rassurait ; je sentais, comme par instinct, que Dieu ne m’avait pas abandonnée.

A Tiavalla, nous nous arrêtâmes ; mes regards se tournèrent vers Aréquipa et sa charmante vallée ; puis sur mon oncle… Assaillie à la fois par mille souvenirs, j’éprouvai un si cruel déchirement, que mes larmes me suffoquèrent. Tous ces messieurs se taisaient et semblaient deviner ce qui se passait dans mon ame. M. Le Bris me dit : — Chère demoiselle, il est encore temps, si vous voulez retourner à Aréquipa, vos amis vous aideront à y mener une vie, sinon brillante, au moins calme et aisée. Je lui serrai la main et donnai au même moment le signal du départ. Au lieu où nous nous trouvions, le chemin devenant étroit, je passai la première et traversai ainsi le village. Quand nous fûmes en rase campagne, je m’arrêtai pour attendre mon oncle ; mais je ne le vis plus… M. Le Bris me dit que, pour m’épargner l’émotion d’un dernier adieu, il avait profité du coude formé par la route, pour retourner à Aréquipa sans être aperçu de moi. — C’était fini… je ne devais plus voir mon oncle… Je