Page:Flora Tristan - Peregrinations d une paria, 1838, II.djvu/29

Cette page a été validée par deux contributeurs.
25

j’avais de mieux à faire. Il fut indigné contre mon oncle, qu’il connaît et estime à sa juste valeur. Son caractère fier le porta à me conseiller de quitter aussitôt la maison de don Pio. Il me fit toutes les offres de service que j’aurais pu attendre d’un vieil ami, et je trouvai, dans l’intérêt qu’il me témoigna, une consolation bien douce.

Cependant mon oncle ne se souciait pas de me voir sortir de chez lui : il est dans son système d’arranger, autant que possible, toute contestation à l’amiable, connaissant, par expérience, la supériorité de son talent en fait de transactions. Il m’écrivit donc pour me demander si je voulais me trouver en présence de tous les membres de la famille, lui, Althaus et le vieux docteur, représentant de Margarita, fille de Carmen ; je n’avais pu me décider à le revoir depuis la scène que je viens de raconter. On me servait à manger dans ma chambre, et j’étais toujours décidée à m’en aller.

Cependant je cédai aux instances d’Althaus et me rendis de nouveau dans le cabinet de mon oncle. Quelle cruelle douleur j’éprouvai en revoyant cet homme qui me forçait à le mépriser ; lui, que je me sentais portée à aimer de la plus