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de mon consentement elle ne mettra les pieds dans un pays où notre sainte religion est tournée en ridicule ; où Voltaire, Rousseau sont considérés comme des dieux et leurs œuvres dans les mains de tout le monde. Vainement fis-je observer à Joaquina que, dans les pensions de France, les enfants sont élevés dans la croyance religieuse que les parents veulent leur donner. Ma tante s’indignait qu’à cet égard on pût choisir ; et la conversation de trois heures que j’eus avec elle, sur ce chapitre, me la montra une fanatique telle que le catholicisme de Rome en compte peu aujourd’hui. Joaquina me demandait un jour si, en France, les Juifs et les protestants entraient dans les églises. — Nul n’a le droit de les en empêcher, lui répondis-je — Ah ! quelle horreur ! quel sacrilège ! — D’ailleurs, comment voudriez-vous que cela ne fût pas ? les bedeaux des églises pourraient-ils discerner sur la figure la religion de l’individu ? — C’est assez, Florita, ne me parlez plus de ce pays d’impiété.

Refusée par ma tante, je m’adressai à mon oncle ; celui-ci n’était pas accessible aux mêmes craintes ; le risque que pourraient courir, en France, les idées superstitieuses de ses enfants