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belle Espagne et ma bonne mère, qui vous aimera comme sa fille.

À ces mots, la pauvre Dominga soupira comme une personne qui renaît à l’espérance ; le sourire reparut sur ses lèvres, et, avec un accent d’amour et de doute, elle dit : — Que Dieu vous entende ! Alfonso ; mais, hélas ! je crains de ne pouvoir jamais jouir d’un tel bonheur !

Cette dernière scène m’initia aux chagrins de ma cousine, et me fit comprendre combien elle devait souffrir…

Le moment de mon départ approchait ; chez mon oncle, on portait une figure attristée ; mais j’avais lu au fond de leurs pensées, et leurs regrets me disaient l’effet des pleurs d’un héritier. Quelques égards qu’on me montrât, ma manière d’être dans la maison attestait, aux yeux du monde, la conduite de ma famille envers moi. Ma mise, d’une simplicité extrême, annonçait suffisamment que cette riche famille ne suppléait en rien, par ses cadeaux, à mon manque de fortune ; et l’on voyait, dans la maison de don Pio, la fille unique de Mariano traitée comme une étrangère. Cependant j’étais